*** Nombreusesphotos après le texte ***
Louis-Augustin Alemand (1653-1728) est né dansune famille protestante de Grenoble. Après ses étudesde droit, il devient avocat au parlement de la ville. Converti àla foi catholique, il abandonne le barreau et sinstalle à Parisoù il rejoint les cercles du père Dominique Bouhours etde Paul Pellisson. Passionné de littérature et de grammaire,il publie les Nouvelles Observations ou Guerre civile des Françoissur la langue (1688) et les Nouvelles Remarques de M.de Vaugelas sur la langue françoise (1690). Aprèsdes études de médecine, il obtient le grade de docteur,pour finalement revenir à Grenoble exercer sa premièreprofession davocat jusquà sa mort en 1728.
Dans cet ouvrage peu courant, Louis-Augustin Alemandsinscrit dans la tradition des discussions sur le bon usage du XVIesiècle. Ses intentions sont de décrire les opinions divergenteset les remarques sur lusage douteux de certains mots, mais sans prendreparti. Il offre ainsi au lecteur une riche documentation sur les querelleslinguistiques parmi les cercles intellectuels du XVIIe siècle.Louvrage est dautant plus instructif que lauteur propose de nombreuxpassages dœuvres littéraires de lépoque, empruntantparfois ses exemples à Vaugelas, Ménage et Bouhours. Toutesles parties du discours ou presque sont abordées : nom, adjectif,verbe etc., mais aussi orthographe, prononciation et étymologie,avec en outre des observations sur le lexique et le style.
* Question LXIV - Sil faut dire Bassa, Bacha,ou Pacha.
«Il y avoit long-temps, quon navoit eû tant doccasionde parler de ces mots quon en a eû depuis quelques annéesque la pluspart des Puissances Chrétiennes liguées ensembleont mis le redoutable Empire des Ottomans à deux doigts de saruine, pendant toute cette sanglante guerre on na entendu parler quede Bassas étranglés, de Bachastués, massacrés, ou faits prisonniers, & de Pachasdevenus Seraskiers ou Grands Visirs ; car nous nous sommes servis deces trois mots pour marquer les premiers Officiers de cet Empire. Chacunde ces termes a eû ses partisans ce qui a causé une guerre,pourtant non sanglante, entre nous, pour sçavoir lequel des troisest le meilleur ; il y a même déja du temps que cette questionest sur le tapis, jusques là même qu’un frère& une soeur, tous deux beaux Esprits, se sont trouvez de differensavis, Mle de Scudéry pour Bassa, témoinson Roman de lIllustre Bassa, M. de Scuderi au contraireétoit pour Bacha, puisquil nécrit pasautrement ce mot dans sa Tragi-comedie de lAmant liberal[...]
On dit pour la deffense de Bassa quil est plus doux &plus accommodé à nôtre langage, que Bacha& Pacha dont la prononciation est trop Turque ; quecomme il est permis en France dadoucir les mots étrangers quisont trop rudes, comme il y en a une infinité dexemples, onne doit pas être surpris si Bassa sest habilléà la Françoise, ce qui la fait recevoir parmy les Dames& parmy ceux qui en les imitant preferent la prononciation douce& polie qui se trouve dans Bassa, & qui nestdu tout point dans les deux autres mots à cause de leur cha...» (Extraits p.229-231)
Un ouvrage particulièrement éclairantsagissant des mentalités et de la culture généralede cette époque et, assurément, un ravissement pour lesamoureux de la langue française.
NOUVELLES OBSERVATIONS,
OU GUERRE CIVILE DES FRANÇOIS,
SUR LA LANGUE
[LOUIS-AUGUSTIN ALEMAND]
A PARIS, Chez JEAN BAPTISTE LANGLOIS - MDCLXXXVIII (1688)- Edition Originale - In-12 (10x 16,8 x 3,5 cm) reliéplein veau du temps - Dos à cinq nerfs orné de caissonsdorés, titre doré sur pièce de maroquin vieux rouge,roulettes dorées sur les coupes - Contreplats et gardes peignés- 7 ff. + 483 pages + 12 ff.
Contenu: Epistre à Monseigneur le Duc de Montausier : 3 ff - Table desQuestions : 4 ff (124 questions)
Corps de louvrage : 483 pages - Table des Matières : 11 ff -Privilège & Errata.
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